mardi 28 avril 2015

Un journal clandestin rennais : « La Bretagne Enchaînée »

Comme le rappelle très justement Jacqueline Sainclivier dans son ouvrage sur la Résistance en Ille-et-Vilaine, jusqu’à la parution du premier numéro du journal La Bretagne Enchaînée, le 15 novembre 1941, la seule propagande clandestine écrite consistait essentiellement en tracts (notamment du Front National), papillons collés sur les murs, ou journaux parachutés depuis l’Angleterre.
Si l’histoire du journal clandestin La Bretagne Enchaînée, qui n’était en fait qu’une simple feuille imprimée recto-verso, est connue, il n’est pas inutile d’en rappeler la genèse. Á l’origine de cette publication on trouve trois groupes de résistants : deux à Rennes et un à Montfort-sur-Meu, qui agissaient chacun dans leur secteur de manière spontanée et sans aucune coordination. C’est à l’été 1941, que les chefs de ces petits groupes décidèrent de travailler ensemble à l’élaboration et à la diffusion de tracts. La rédaction des deux premiers est assurée par le professeur Victor Janton, puis imprimés sur une ronéo appartenant au docteur Joseph Lavoué, qui intègrera le réseau Johnny au mois d’octobre. La détention d’un seul de ces tracts vous envoyant immédiatement en prison, on comprendra aisément qu’il n’en subsiste aucun, hormis peut-être dans quelques dossiers d’archives de police. On sait qu’ils furent tirés à plusieurs milliers d’exemplaires et diffusés principalement sur Rennes par des étudiants et lycéens. C’est à la suite de ce deuxième tract que Victor Janton est arrêté le 29 août 1941 pour « propagande anti-nationale ». Le préfet d’Ille-et-Vilaine prononce alors un arrêt d’internement administratif d’un an au camp de Châteaubriant. Cette décision, publiée par L’Ouest-Éclair, va susciter une certaine émotion en ville car avant-guerre, Janton était un dirigeant de la section rennaise Parti Social Français (PSF), connu pour ses positions conservatrice et nationaliste.
L'Ouest-Eclair 13 septembre 1941
Janton arrêté, le groupe décide de passer de la confection de tracts à celle d’un journal appelé La Bretagne Enchaînée par le docteur Lavoué, qui fournit le papier. Les éditoriaux de la première page, ou « Chronique », sont rédigés par André Simon, Receveur municipal à la Mairie de Rennes, dont la fondée de pouvoir Léone Gérard, tape les stencils. Le docteur Lavoué et les étudiants (André Ménard, Louis et Pierre Normand, entre autres) ont en charge la rubrique locale au verso intitulée « Échos ». L’impression se fait soit à Rennes, chez le docteur Lavoué, soit à Montfort-sur-Meu, sur la ronéo de la mairie par Étienne Maurel, qui en est le secrétaire général.
Quatre exemplaires de La Bretagne Enchaînée sont connus : le N° 1 du 15 novembre 1941 ; le N° 2 du 1er décembre 1941 ; le N° 3 du 15 décembre 1941, et le N° 4 du 1er janvier 1942. Il y aurait eu un autre numéro le 15 janvier 1942, puis un autre au mois de février. Le tirage de ce journal clandestin, qualifié « d’organe gaulliste » par le préfet, oscillait entre 3 et 5 000 exemplaires. La diffusion est toujours assurée par des étudiants sur Rennes, mais aussi par des membres du groupe de résistance Maurel de Montfort-sur-Meu. Á la suite de l’arrestation de la plupart des membres de l’équipe, le journal va cesser de paraître. En effet, André Ménard est arrêté le 2 février 1942, ainsi que Louis Normand. Étienne Maurel est arrêté à son tour le 12 février, puis André Simon le 20 mars. Ce dernier sera libéré faute de preuves. Les autres mourront en déportation ou à Fresnes. Ces arrestations ne sont pas liées à la fabrication du journal, mais à un parachutage d’armes dans la région de Montfort-sur-Meu et une affaire de trahison à propos d’un poste émetteur installé chez Étienne Maurel.
Jusqu’à présent, seules les quatre feuilles recto de La Bretagne Enchaînée étaient visibles sur le site Gallica. Aucune reproduction du verso de ces feuilles qu’il suffisait pourtant de retourner. Peut-être a-t-on estimé qu’il n’était pas souhaitable de jeter ainsi en « pâture » les noms de commerçants ou notables rennais soupçonnés de collaboration par la Résistance. Ces « Échos », rédigés avec beaucoup d’humour, nous donnent un bref aperçu de ce qu’a pu être l’atmosphère de la vie rennaise sous l’Occupation en cette fin d’année 1941. La diffusion de ce journal hostile à l'Occupant mais aussi à Vichy n'est pas sans risque, à un moment ou l’Allemagne n’a jamais été aussi puissante.
Si La Bretagne Enchaînée était diffusée sur le département, elle l’était principalement à Rennes. Ce sont en effet des personnes bien connues des Rennais qui sont dénoncées : notables proches du régime de Vichy, professions libérales, dont beaucoup membres du groupe « Collaboration ». Les commerçants, soupçonnés à juste titre bien souvent, de profiter de la situation pour réaliser de bonnes affaires sont particulièrement ciblés. Et nous ne sommes qu’en 1941 ! Ces jeunes résistants ne peuvent imaginer les énormes profits que vont réaliser certaines entreprises ou industriels rennais jusqu’à la Libération : Constructions Tomine, Société L'Economique, Papeterie Bonnet-Dubost, Pelpel, Mayol-Arbona, etc.

La Bretagne Enchaînée N° 1 recto
La Bretagne Enchaînée N° 1 verso
Le N° 1 de La Bretagne Enchaînée parait donc le samedi 15 novembre 1941, soit quelques jours seulement après l’anniversaire de l’armistice dont le préfet, relayant les ordres de l’Occupant, a interdit toute manifestation publique. Malgré tout, et l’information ne figurera pas dans L’Ouest-Éclair, on s’en doute, La Bretagne Enchaînée signale que quelques « courageux garçons » ont accroché des drapeaux tricolores aux fils télégraphiques, à la grande satisfaction des « vrais Rennais » que le journal oppose à la « poignée de ratés » de la Collaboration. On remarquera ce conseil élémentaire de prudence concernant le repère de la « longueur d’onde interdite » en cas de confiscation du poste de TSF par les agents du commissaire spécial Morellon et de son collègue Piat, commissaire principal, chef des services de la Sûreté. Le commissaire Fernand Morellon, accusé d’avoir torturé des patriotes, fera l’objet d’un avis de recherche du 28 août 1944, alors qu’il est à Lyon, ville qui n’est pas encore libérée. Je n’ai pas réussi à trouver qui étaient ces deux femmes fusillées « secrétaires de l’UNC de Nantes ». L’Union Nationale des Combattants dont le président départemental est alors le docteur Patay. Comme beaucoup d’anciens combattants de sa génération, le docteur Patay, qui a perdu une jambe lors du conflit, est un maréchaliste bon teint. Les anciens Rennais qui l’ont connu le décrivent plutôt comme un brave type ne partageant pas les idées nazies et bien incapable de dénoncer qui que ce soit. La Bretagne Enchaînée informe donc ses lecteurs que le « petit Pierre Arthur », directeur de L’Ouest-Éclair, transformé en « L’Ouest-Hitler », a refusé la présidence, du groupe « Collaboration ». Ce qu’acceptera sans rechigner René Guillemot, propriétaire des Nouvelles Galeries. C’est le 16 novembre justement, qu’un des fondateurs de « Collaboration », le Rennais Alphonse de Châteaubriant, donnera une conférence au Théâtre municipal de la ville. Parmi les auditeurs présents ce dimanche, probablement quelques étudiants catholiques du « foyer Saint-Denis », situé rue des Dames, auxquels le journal conseille malicieusement de se méfier d’un certain « aumônier haut juché » qui n’était autre que l’abbé Armand Pocquet du Haut-Jussé. Épinglés eux-aussi : Roger Gobled, propriétaire de la librairie des Facultés, et Robert Cousin, le secrétaire général de la Préfecture.

La Bretagne Enchaînée N° 2 recto
La Bretagne Enchaînée N° 2 verso
Le N° 2 donne un savoureux compte-rendu de la conférence d’Alphonse de Châteaubriant avec une étonnante référence à Michel-Maurice Lévy, ce facétieux compositeur d’opérettes qui signait ses œuvres du pseudonyme « Bétove » ! On ne sait si le « Chateaubriand aux pommes » était au menu, mais le « croque-mort du verbe » dinera le soir même au restaurant La Chope, dont il signera le livre d’or. Le préfet François Ripert, rebaptisé « Ripertrop », était-il présent ce soir-là ? L’Ouest-Éclair affirme que oui, alors que pour La Bretagne Enchaînée il s’était fait représenté. Quoi qu’il en soit, nos étudiants chroniqueurs semblent mieux informés sur le « Siegfried » de cette épouse d’un « garagiste connu » de la ville, ou sur cette pharmacienne de la place de Bretagne et son « Serin » de mari. Tout en précisant qu’il fait bien la distinction « entre un Morellon et un brave agent de police » ou « entre un Métayer qui sert à quatre pattes et les commerçants corrects » le journal demande à ses lecteurs de ne plus porter leur argent « aux Collaborateurs de l’Ennemi. Une première liste vous sera bientôt fournie ».

La Bretagne Enchaînée N° 3 recto
La Bretagne Enchaînée N° 3 verso
Le N° 3 propose effectivement une rubrique intitulée « Collaboration » en dénonçant un certain « sieur Duprez, Président de la Société Rennaise d’escrime », décrit dans des termes que l’on s’attendrait à trouver plutôt dans la presse collaborationniste de l’époque que dans un organe de la Résistance : « Cette galanterie qui sent encore son ghetto (…) remarquer son nez racial ! » Vient ensuite une liste de « Collaborateurs de l’ennemi » dont quelques-uns « pris dans le monde des commerçants ». Dans ce contexte de pénurie et de privations de toute sorte, les Rennais nourrissaient un fort ressentiment contre les « profiteurs » et autres commerçants qui ne semblaient pas souffrir particulièrement de l’Occupation. Bien au contraire. Parmi ces commerçants désignés à la population, tous n’étaient pas des « collabos », loin s'en faut. Bon nombre d’entre eux seront disculpés ou leurs dossiers classés sans suite à la suite des enquêtes effectuées à la Libération. Un William Bessec, qui possède trois magasins de chaussures, par ailleurs Président du comptoir d’achat de la chaussure de France, et du Syndicat des détaillants de chaussures de Bretagne, membre du conseil d’administration de la banque de France de Rennes, réagit aux accusations portées contre lui : « Si mon nom a été inséré dans La Bretagne Enchainée, je crois que c’est l’objet d’une vengeance de la part de clients mécontents ou de gens jaloux ». Si le commissaire chargé de l’enquête relève que Bessec « Ne jouit pas de l’estime de ses collègues qui le considère comme un homme désirant s’approprier le monopole de son commerce à Rennes », il conclura que « L’enquête n’établit pas de façon certaine que pendant l’occupation M. Bessec commit des actes contre son pays. » L’affaire sera classée sans suite « Faute de charges suffisantes ». Il faut croire que l’expression ne choquait pas grand monde à l’époque, car c’est bien sous le terme de « Métèques » que La Bretagne Enchaînée désigne ensuite des commerçants d’origine espagnole, italienne ou juive installés à Rennes. 

La Bretagne Enchaînée N° 4 recto
La Bretagne Enchaînée N° 4 verso
Après avoir conclu sa Chronique par ses vœux de « Courage et Espérance », le N° 4 de La Bretagne Enchaînée signale à ses lecteurs qu’un certain M. Paris, professeur à la faculté de droit, offre une récompense de 1 000 francs à qui désignera l’auteur d’un article probablement désobligeant à son égard. D’après le journal, il s’agit de M. Duffieux, professeur à la faculté des sciences. Une nouvelle liste de « Collaborateurs » dans la médecine et le Barreau est publiée puis un astucieux découpage de papillons de propagande franciste. Plus tard, le 10 juillet 1942, les docteurs Tizon, Perquis, Doisy, Massot, et l'avocat Perdriel-Vaissière installeront le Comité des Amis de la LVF.
Ainsi s’arrête la brève existence de ce modeste journal clandestin, dont la plupart des rédacteurs, diffuseurs ou résistants du groupe Maurel seront arrêtés puis déportés. Très peu reviendront des camps nazis.
Pour plus d'informations sur l'histoire de ce groupe voir le site http://memoire-de-guerre.blogspot.fr/

samedi 18 avril 2015

Pierre Duclos n'est plus

Louis-Marie Davy vient de m'annoncer la triste nouvelle. Pierre Duclos nous a quitté la nuit dernière pour rejoindre son copain Glenmor. Les anciens lecteurs et lectrices du Canard de Nantes à Brest auront une pensée émue pour son fondateur et journaliste respecté de tous. Comme les autres membres de l'équipe du journal, je lui dois beaucoup. Ces quelques unes un peu jaunies, qui nous rappellent ce beau mois de mai 1981.

                    
                       





Je retrouve également ce N° 92, avec sa une sur Armand Robin et une bonne critique de Françoise Morvan. C'était au mois d'avril 1981, il y a 34 ans maintenant. C'était avant. A l'époque je me déplaçais beaucoup en Bretagne pour le Canard, et Armand Robin m'était totalement inconnu. Du coup, j'ai tout acheté à la librairie de quelqu'un que j'aimais beaucoup à Quimper : Bernard Guillemot, qui venait de fonder les éditions Calligrammes, qui éditait aussi Grall et Perros. Je ne pouvais désormais plus traverser Plouguernével sans penser à Robin. Plus tard, après la fin du Canard, il en sera de même au Portugal, avec Pessoa, édité par Bourgois et découvert dans Libération.
L'aventure du Canard de Nantes à Brest mériterait assurément un travail de recherche universitaire (Peut-être cela a-t-il été fait ?). Il ne faudrait tout de même pas oublier, et je doute que les rubriques nécrologiques de la presse régionale en fasse état, que Pierre Duclos a été "viré" d'Ouest-France pour avoir fait son vrai travail de journaliste, sans concession. L'émotion était considérable à l'époque.
Pour la première fois, le plus important quotidien régional de France a été en grève et n'a pas paru pendant plusieurs jours par solidarité des journalistes avec Pierre. Ce n'était tout de même pas rien ! Il faut lire à ce sujet les livres sur l'histoire de ce quotidien du regretté Guy Delorme. Ce licenciement a fait l'objet d'un dossier établi par la section rennaise de la Ligue des Droits de l'Homme (Fonds Charles Foulon). C'est à la suite de cette affaire que Pierre Duclos a décidé de créer le Canard de Nantes à Brest, en 1978.








 

























7 janvier 2017
Je viens d'apprendre avec beaucoup de tristesse le décès d'Alain Latimier, lui aussi membre de l'équipe du Canard. 

lundi 13 avril 2015

La Section Spéciale de la Cour d'Appel de Rennes

L’information figure en Une du quotidien L’Ouest-Éclair daté des 24 et 25 août 1941 « Communistes et anarchistes seront justiciables de sections spéciales créées près des Cours d’Appel ou des tribunaux militaires. La peine de mort pourra être prononcée et les jugements seront immédiatement exécutables ». L’Ouest-Éclair ne dit pas à ses lecteurs que la création de ce tribunal d’exception est la conséquence de l’attentat commis le 21 août à Paris par le militant communiste Pierre Georges contre le jeune aspirant de la Kriegsmarine, Alfons Moser. En effet, désireux de satisfaire à l’exigence d’otages formulée par Hitler – la Wehrmacht souhaite fusiller 150 condamnés ou internés administratifs, puis exige la condamnation à mort de dix communistes notoires par les tribunaux français – Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur, et Joseph Barthélémy, ministre de la Justice, mettent en place ces Sections Spéciales par un texte de loi rédigé le 22 août, mais antidaté du 14 août 1941.
L'Ouest-Eclair, 24-25 août 1941
Deux semaines plus tard, le 6 septembre 1941, L’Ouest-Éclair informe ses lecteurs que la Section Spéciale de Rennes a tenu la veille sa première audience, en la Chambre des Appels correctionnels à 10 heures « Les magistrats, par assimilation avec les tribunaux militaires, dont le président, magistrat civil, siégeait en robe rouge, ont également revêtu ce costume. Ce sont : MM. Le président Martin, les conseillers Prigent et Billaud. Au siège du ministère public, est assis M. le substitut général Garnier. » Et le journal d’expliquer en quoi consiste cette juridiction nouvelle « M. le substitut général Garnier, avec la compétence juridique qui le caractérise, préalablement à son premier réquisitoire, définit le mécanisme de la loi du 14 août 1941 créant une juridiction spéciale pour la répression des faits de propagande communiste et anarchiste. Précédemment, ces faits étaient réprimés par le décret-loi du 26 septembre 1939. Ce dernier décret admettait les circonstances atténuantes et le sursis. Les dispositions nouvelles les suppriment. Le minimum de peine ne saurait descendre au-dessous d’un an d’emprisonnement. Toutes les juridictions, déjà saisies de faits commis avant la loi du 14 avril (sic…), publiée à l’Officiel du 23 du même mois, sont dessaisies au profit de la juridiction nouvelle. Les affaires pendantes elles-mêmes ne sont plus susceptibles d’appel et sont soustraite au principe de la non-rétroactivité. Ce sera le cas des causes qui seront jugées à cette audience, toutes antérieures au 14 août. Il est a remarqué également que le maximum de cinq ans d’emprisonnement, prévu par le décret-loi du 26 septembre 1939, n’est plus limitatif. La loi prévoit, outre l’emprisonnement, les travaux forcés à temps ou à perpétuité et même la mort. En tout cas, le Ministère public escompte une répression sévère. »

Une juridiction sous contrôle des Allemands
Le 25 août 1941, les magistrats avaient déjà été informés par une circulaire du Garde des Sceaux, Joseph Barthélémy « Le Journal Officiel du 23 août 1941 publie une loi sur l’activité communiste ou anarchiste qui donne aux Pouvoirs Publics les moyens nécessaires pour réprimer sans faiblesse ces agissements criminels, quand bien même ceux-ci auraient été perpétrés avant la promulgation de la loi. Loi qui comporte en premier lieu la création d’une juridiction nouvelle. La compétence de la Section Spéciale s’applique à tous les crimes et délits commis dans une intention d’activité communiste ou anarchiste. La Section Spéciale peut infliger pour n’importe quelle infraction une peine pouvant aller jusqu’à la mort. Elle comprend cinq membres, dont l’un Président. Librement désignés par le garde des Sceaux. Pour statuer elle doit comporter au moins trois membres. » Dans cette même circulaire aux chefs de Cour, le ministre précise les critères de dévouement devant faciliter le choix des membres des sections spéciales « Vous vous attacherez à faire porter votre choix sur ceux qui vous seront connus par la fermeté de leur caractère et par leur dévouement total à l’État. » Vichy donne une prime à la répression à ceux qui veulent bien l’exercer, mais les candidats ne se bousculent pas. Parfois c’est le ministre Barthélémy lui-même qui doit désigner les membres de ces Sections Spéciales. Celle de Rennes est créée le 2 septembre 1941, jour de l’audience solennelle de rentrée de la Cour et des Tribunaux. Le président est M. Martin, Président de Chambre. Les assesseurs : Prigent ; Bouriel ; Billaud ; Lelièvre (conseillers). M. Lesage, avocat général de la cour d’appel de Rennes et Garnier, substitut général, sont désignés pour remplir les fonctions de Ministère Public. Lors de cette rentrée solennelle, les magistrats ont tous prêté serment au maréchal Pétain.
L'Ouest-Eclair, 13 septembre 1941
La première audience se tient le 5 septembre avec la condamnation de quatre communistes pour propagande et détention de tracts. Le 12 septembre, ce sont à nouveau sept jeunes communistes qui sont condamnés à des peines de 18 mois à quatre ans de prison. Un seul, Raymond Bossard, est relaxé. Six de ces jeunes communistes seront déportés en 1943 et 1944.
Le cadre juridique en place, il ne reste plus au gouvernement de Vichy qu’à renforcer l’appareil répressif contre les résistants communistes. C’est ainsi qu’au mois d’octobre 1941, Pierre Pucheu crée le Service de Police anticommuniste (SPAC), police parallèle de sinistre mémoire. Afin de rappeler qui reste le maitre en zone occupée, le général Von Stülpnagel, commandant des forces militaires allemandes en France, écrit au Ministre de l’Intérieur Pucheu le 22 octobre 1941 : « J’ordonne par la présente qu’à partir d’aujourd’hui, tous les Français du sexe masculin qui sont arrêtés ou seront arrêtés par les Autorités françaises pour activités communiste ou anarchiste, de quelque nature que ce soit, devront être maintenues en état d’arrestation par les autorités françaises, également pour le compte du Commandant des Forces Militaires en France. Même si les motifs de l’arrestation qui l’ont provoquée de la part des autorités françaises disparaissent, leur libération ne pourra être possible qu’avec son accord. L’introduction d’une procédure pénale, ou sa continuation à l’égard des intéressés devant les Tribunaux Français, ne sera pas empêchée par mon ordonnance. Chaque chef de circonscription administrative ou militaire devra recevoir chaque mois et pour chaque département une liste des personnes visées par cette ordonnance. Nom, prénom, date de naissance, dernier domicile, jour de l’arrestation, autorité qui a fait procéder à l’arrestation, situation de famille, enfants, activité politique ou anarchiste. Communication pour le 1er novembre 1941. » Inutile de dire que les manquements à cette ordonnance feront l’objet de rappels à l’ordre. Notamment de la part de la Sicherheitsdienst (SD), le service de sécurité de la SS. Ces communistes, s’ils peuvent de surcroit être juifs, constitueront une intéressante réserve d’otages en cas de nouvel attentat contre les troupes d’occupation. Le 22 juillet 1942, c’est la préfecture d’Angers qui écrit au Procureur Général de la Cour d’Appel de Rennes « J’ai l’honneur de vous faire connaitre que le Commandant de la Police SD de la région d’Angers vient d’exprimer le désir d’être tenu informé d’urgence par mes services des condamnations réprimant les crimes et délits intéressant la sécurité publique ». Le 24 juillet 1942, c’est le Garde des Sceaux qui s’adresse à son tour au Procureur Général de la Cour d’Appel de Rennes : « Le ministre de l’Intérieur vient d’appeler tout spécialement mon attention sur l’intérêt que présente, dans les circonstances actuelles, la communication à son Département des condamnations prononcées par les juridictions répressives contre les individus poursuivis pour activité communiste ou anarchiste, menées antinationales ou antigouvernementales, menées terroristes et actes de sabotage. (Faire une notice succincte de chaque condamnation). » Le 27 juillet 1942, le chef du SD, Kommando Rennes, écrit lui aussi au Préfet Régional : « Je vous prie de bien vouloir aviser Mrs les Procureurs de la République des quatre tribunaux d’Appel qu’ils doivent me fournir mensuellement une liste des communistes condamnés par les Tribunaux Français, avec les renseignements suivants… »
Lors de l’audience solennelle de rentrée du 2 octobre 1942, M. Prigent, nouveau président, remplace M. Martin. Assesseurs : M. Hervieu et M. Plessis. Le Procureur Général déplore « L’inqualifiable attentat dont fut victime M. Jacques Le Bras, juge d’instruction à Nantes, cité depuis à l’ordre de la Nation. » Le 9 septembre 1942, en effet, un résistant nantais, Raymond Hervé, est interrogé par le juge Le Bras, au palais de justice de Nantes. Au courant de cette audition, trois de ses camarades de la Résistance font irruption dans le cabinet du juge. Dans la confusion, le magistrat est abattu et un gardien de la paix blessé. La presse locale et le maire de Nantes vont se déchainer contre « Cette bande d’assassins, de saboteurs, que sont les membres de l’organisation terroriste du Parti Communiste ».
En 1943, une nouvelle loi étend le champ d’application des Sections Spéciales à toutes les personnes favorisant la Résistance, y compris celles qui s’en rendent complice « Loi du 5 juin 43 réprimant les activités communistes, anarchistes, terroristes ou subversives. Il est institué dans chaque cour d’appel une section spéciale à laquelle sont déférés les auteurs de toutes infractions pénales quelles qu’elles soient, si elles sont commises pour favoriser le terrorisme, le communisme, l’anarchie ou la subversion sociale et nationale ou pour provoquer ou soulever un état de rébellion contre l’ordre social légitimement établi. »

Le temps des représailles
L'Ouest-Eclair, 11 octobre 1943
Face aux condamnations à mort prononcées par certaines Sections Spéciales de province, la Résistance ne reste pas sans réaction. Après le magistrat de Nantes, c’est au tour de l’avocat général Lespinasse, de la Cour d’Appel de Toulouse, d’être abattu le 10 octobre 1943, alors qu’il avait condamné à mort le chef des FTP-MOI de la région toulousaine. L’intendant de police de la ville promet bien une prime importante à qui permettra de retrouver l’auteur du crime, mais il sera abattu lui-aussi deux semaines plus tard… Il y en aura d’autres, à Lyon, Nevers et Agen, puis le président de la Section Spéciale de Nîmes, au mois d’août 1944 ; sans parler des attentats manqués. Le 9 novembre 1943, le Président de la Cour d’Appel de Rennes de reçoit cette lettre manuscrite anonyme « Nous vous prévenons que si à partir d’aujourd’hui vous ne faites pas vos jugements = soit acquittements ou non-lieu ou sursis, vous passerez comme vos chers amis de Toulouse et ainsi qu’à Nevers et pour l’instant les terroristes sont à Nantes après les trousses de messieurs les juges et vous n’avez pas fini d’entendre parler de nous, surtout si vous ne faites pas ce que l’on vous dit la semaine prochaine nous seront à Rennes. Signé les Terroristes. La main noire et attention à vous Messieurs. » Dans ce contexte de menaces d’attentats, c’est la panique au sein de la magistrature. Les magistrats de Toulouse réclament une protection armée. On assiste surtout à la mise en place d’un système de « rotation accélérée », les membres en place ne voulant plus rester et les nouveaux qui se défilent ou se font mettre en arrêt maladie…
Lors de l’audience solennelle de rentrée du 2 octobre 1943, M. Le Friec, président de Chambre, remplace M. Prigent. Assesseurs : Hervieu, Housset, Plessis (conseillers) et Jarry, juge. Durant l’année 1943, la Section Spéciale de Rennes a traité 35 affaires pour 145 prévenus, ce qui correspond à la liste ci-jointe. Le 21 octobre, un arrêté nomme de nouveaux juges : Louis Gauduchon, lieutenant-colonel, adjoint au colonel commandant la 10ème légion de Gendarmerie de Rennes ; Albert Bouillar, chef d’escadron, commandant la compagnie de gendarmerie de Saint-Brieuc. Charles Pestel, commissaire divisionnaire à la sécurité publique. Suppléants : Louis Duconge, capitaine commandant par intérim la compagnie de gendarmerie à Quimper ; André Dufossey, capitaine de gendarmerie de Rennes ; Fernand Morellon, commissaire divisionnaire aux RG de Rennes (doit être remplacé). Le 1er mars 1944, le conseiller Battaglini remplace le conseiller Housset qui remplaçait le conseiller Billaud.
Ces menaces réelles contre les magistrats ont pour conséquence d’inciter ces derniers à limiter les condamnations à mort. Face à cette distanciation des magistrats français, les tribunaux allemands se saisissent de plus en plus des affaires importantes. De son côté, jamais en reste face à l’occupant, le gouvernement de Vichy, par la loi du 20 janvier 1944, va dessaisir les Sections Spéciales au profit des Cours Martiales, organes administratifs chargés de rendre des décisions expéditives et exemplaires.
L'Ouest-Eclair, 14 mars 1944
Quel bilan peut-on tirer de cette Section Spéciale de la Cour d’appel de Rennes ? 313 patriotes, pratiquement tous communistes, ont comparu devant les magistrats du 5 septembre 1941 au 19 avril 1944. Contrairement à d’autres Sections, il n’y a pas eu de condamnation à mort. Les peines les plus lourdes sont les travaux travaux forcés à perpétuité contre le jeune résistant rennais André Rouault (17 ans) membre de l'OS, qui sera incarcéré à Nantes, où il sera fusillé le 29 janvier 1943, puis contre "André Cevalan", mais il doit plutôt s'agir d'André Cavalan, un membre du FN des Côtes-du-Nord. Les peines sont lourdes. Ces jeunes résistants communistes seront pour la plupart transférés dans les prisons parisiennes où il seront de nouveaux jugés par un tribunal allemand puis fusillés ou envoyés en déportation, dont très peu reviendront. Il faut toutefois constater que les magistrats rennais n’ont pas hésité à prononcer des peines inférieures au minimum légal – on relève un grand nombre de peines d’un an de prison – voire à déqualifier les actes reprochés, avec plusieurs relaxes ou de renvois de mineurs chez leurs parents. Mais en se déchargeant de cette juridiction répressive d’exception, même si elle était exécutée par des juges ordinaires, au profit des tribunaux d’exception que sont les Cours Martiales, pressées de prononcer les peines les plus lourdes, ils ont abandonné de nombreux résistants face à leur funeste sort. Dès le 12 mars 1944, trois « terroristes » seront condamnés à mort par la Cour Martiale de Rennes.
Kristian Hamon

Section Spéciale : liste des condamné (es).  
Liste manuscrite, nombreuses erreurs de retranscription patronymique.
T.F. Travaux Forcés I.S. Interdiction de Séjour. Les peines sont toutes assorties d'une amende de 1 200 francs
NOM INCULPATION DATE PEINE 
Guéguen Ange propagande communiste détention et 05/09/1941 15 mois déporté
Cruoud Joseph Cruaud distribution de tracts traduisant une idem 5 ans mort en déportation
Rialet Pierre activité communiste id 3 ans déporté
Heger Louis idem id 1 an
Piguel René lire Piguel id 12/09/1941 3 ans mort en déportation
Coquillet Joseph lire Coquelet id id 18 mois par défaut 
Coursier Jean lire Courcier id id 30 mois déporté
Le Cornec Raymond id id 4 ans déporté
Dinard Roger id id 18 mois déporté
Barbier Robert id id 4 ans déporté
Nolent Georges lire Volant Georges id id 1 an
Bassard lire Raymond Bossard id id relaxe
Feribault Maurice propagande communiste id 15 mois
Pochon Pierre id + reconstitution de ligue dissoute 10/10/1941 18 mois mort en déportation
Coquillet Louis id + distribution de tracts id 12 ans T.F. + 20 ans I.S. par défaut fusillé au Mont Valérien
Chaillax Félix activité communiste 24/10/1941 3 ans
Neveu Georges id id 5 ans déporté
Keroulec François Un des 5 frères Kersulec ? propagande communiste  id 15 ans T.F. + 20 ans I.S. par défaut
Porbiel René id + distribution de tracts 31/10/1941 3 ans
Delahaye Maurice propos et chants de nature à exercer une 08/11/1941 3 mois flagrant délit
Baquelier André Bachelier ? influence facheuse sur la population id id
Prounost René Pronost ? id id id
Douart Gustave activité communiste 28/11/1941 1 an
Cormault Homère participation activité communiste 09/01/1942 1 an
Quiniou Alain id 16/01/1942 10 ans T.F. mort en déportation
Henry Pierre  activité communiste 24/02/1942 5 ans
Guery Alfred id id 18 mois
Landais Pierre id 05/03/1942 2 ans
Mentec Gaston id 15/04/1942 8 ans T.F. déporté
Bodenan Félix id id id déporté
Le Filanchec femme Le Roux id 21/05/1942 1 an
Goasguen Jean id id 3 ans déporté
Cariou femme Goasguen id id 2 ans
Touzé François id 04/06/1942 1 an
Rouault André tentative de meurtre sur inspecteur de 11/06/1942 T.F. à perpétuité
police dans l'exercice de ses fonctions
Even René activité communiste 11/06/1942 5 ans
Rolland Jean Albert ? id id 3 ans fusillé Mont Valérien
Lebrun Rémy id id 2 ans déporté
Sidobre Bernard id id 1 an
Quémar Francis id id remis à ses parents liberté surveillée
Ricollet Joseph id id id
Daniel Emile id id id
Le Cham André id id id
Richard Yves id 23/06/1942 3 ans contumace
Kerouanton Lucien id id id
Averty id id relaxe contumace
Hervé Raymond id id relaxe
Pierre Aimé id 05/08/1942 5 ans T.F.
Hamon Pierre id id 3 ans
Perrinel Roger id id 2 ans
André Jean id id 1  an
Robert Pierre id id 15 mois
Gabert François id id 1 an
Launay Louis id id 1 an
Perru Laurent id id relaxe
Berthelot Emile id id relaxe
Barel Marcel id 20/08/1942 remis à ses parents liberté surveillée
Lopez Pierre id 06/10/1942 3 ans
Galoutoff Joseph id id 3 ans
Chambrun Joseph id id 4 ans
Boulanger Louis id id 7 ans T.F. 10 ans I.S.
Deredec Yves id 13/10/1942 7 ans T.F. 10 ans I.S. déporté
Guillenin François id id 2 ans
Dupont Jules id id 1 an
Fouillon Etienne id id 1 an
Cornu François id id 5 ans
Le Bail Albert id id 5 ans
Renault François id id 2 ans
Theuillon Pierre id id 5 ans
Le Barex Gilles id id 2 ans
Le Moeme Pierre id id 2 ans
Gargan Joseph id id 4 ans
Réolon Victor id id 1 an
Le Saut Georges id id 1 an
Coreuff Martial id id 2 ans
Bernard Louis id id 2 ans
Lucas Jean id id 5 ans
Gate id id relaxe
Richard Yves id 27/10/1942 2 ans
Gonnichon Henri id id 5 ans contumace
Mervaux Henri id id acquitté
Hédan Joseph id id 15 ans T.F. + 20 ans I.S. par défaut
Le Bouhert Maurice id 10/11/1942 1 an
Drouet Hippolyte id 01/12/1942 2 ans
Baron Georges id id 1 an
Hamon Eugène id id 1 an
Cadiou Charles id id 3 ans
Masson Jean id id 2 ans
Le Berre Yvon id id 2 ans
Le Goff Mathurin id 11/12/1942 3 ans
Helou François id id 1 an
Prigent Yves id id 2 ans
Salez Théodore id id 1 an
Cam femme Salun id id 5 ans
Requin femme Vadène id id 1 an
Kulzin femme le Nédelec id id 1 an
Castel femme Richard id id 1 an
Moreau Henri id id 5 ans T.F. fusillé
Nadaine André id id 5 ans T.F.
Le Bris Charles id id 3 ans
Lesteven Yves id id 1 an
Bénard Charles id id 1 an
Le Guen Louis id id 4 ans
Le Bec Pierre id id 1 an
Loirat Claude id 18/12/1942 1 an
Lagaric Louis Lagadic id id 5 ans fusillé Mont Valérien
Lautreden Hervé id id 3 ans
Guenet Raymond id id 1 an
Le Calvez Jules id id 1 an
Stéphan Marcel id id 5 ans
Salou Jean id id 5 ans
Vincent Georges id id 3 ans
Daniel Julien id id 3 ans
Foucher Emilien id id 2 ans
Barden Julien id id relaxe
Danigot Charles id id id
Paudat Léon id id id
Thual Pierre id id id
Bain Pierre id 19/12/1942 1 an
Barthélémy Donatien id id 2 ans
Briand Alexandre id id 1 an
Dréano André id id 1 an
Duguy René id id 4 ans
Gravaille Gilles id id 3 ans
Le Baron Marcel id id 1 an
Ogex Jean id id ac. ag. s.s.
Naltar Eugène id id ac. ag. s.s.
Hougard Victor id id relaxe
Le Baron Robert id id relaxe
Le Roy Francis tentative de destruction d'édifices habités 07/01/1943 10 ans T.F.
Le Roy Marie par substance explosive dans but d'activité  id 10 ans T.F.
communiste ou anarchiste
Demay Bernard activité communiste 14/01/1943 4 ans
Gaudin Isidore id id 2 ans
Gérard Gaston id id 3 ans
Denis Clément id id 1 an
Philouze Victor id id 1 an
Renard Emile id id 1 an
Chalmel Alexandre id id 1 an
Toquet Charles id 21/01/1943 5 ans
Querneau Joseph id id 1 an
Louarn Théophile id id 1 an
Le Gall Yves id id 2 ans
Le Gall Joseph id id 2 ans
Trolez Jean-Marie id id 1 an
Bourligot Reit. id id 1 an
Lecoignec François id id remis à ses parents 
Lerou Bertrand id id relaxe
Cariou Laurent id id 5 ans
Cariou Corentin id id relaxe
Tressard René id id 5 ans
Guennec Michel id id 3 ans
Dequelou Pierre id id 3 ans
Bernard Jean id id 5 ans
Gouet Joseph id id relaxe
Lecomte Raoul id id relaxe
Bernard Yves id id 1 an
Loubroutin Pierre id id 1 an
Coic Arsène id id 2 ans
Baryain Louis id id 1 an
Sinquer Louis id id 1 an
Giroux Marcel id id 1 an
Kerdéanvat Pierre id id 1 an
Faou Jean id id 1 an
Mellon id id remis à son père
Guennec  id id relaxe
Drezen id id relaxe
André René id 04/02/1943 5 ans
Besselli Adrien id id 3 ans
Busson Jules id id 2 ans
Cadro Jean id id 1 an
Grouil Louis id id 2 ans
Hemery Alfred id id 1 an
Pichon Jules id id 1 an
Elodie Roger id id relaxé
Querné René id id relaxé
Soubils Yves id id relaxé
Sculo Maurice id id remis aux parents
Trouaille A. id 04/02/1943 1 an
Dréan Odette id id 2 ans 
Aoustin Joseph id 11/02/1943 5 ans
Blandin R. id id 1 an
Cardin Louis id id 1 an
Fricaud Max id id 1 an
Galeine A. id id 1 an
Hascoet S. id id 1 an
Hénaff René id id 1 an
Hernandez id id 1 an
Jégo E. id id 5 ans
Jousset R. id id 3 ans
Lamour H. id id 2 ans 
Le Bideau G. id id 3 ans
Le Loir L. id id 4 ans
Miollec id id relaxe
Izopt id id relaxe
Mano Marcel id id 3 ans
Mano René id id 3 ans
Mano Raoul id id 1 an
Poirier Yves id id 4 ans
Serot Roger id id 5 ans
Thomazeau Marcel id id 7 ans T.F. déporté
Le Floch Charles Il s'agit de Pierre Le Floch id 25/02/1943 8 ans T.F.
Auffret Théodore id id 1 an
Bertho Emile id id 4 ans
Breteche François id id 1 an
Tervier Lucien id id 1 an
Desmars René id id 2 ans
Guibaud Marcel id id 1 an
Lagadec René id id 3 ans
Hutin René id id 2 ans
Baudouin  id id relaxe
Bretonnière id id relaxe
Gorgeau id id relaxe
Le Floch Pierre Confusion avec Le Floch Charles id id 8 ans T.F.
Lucas Paul id id 4 ans
Mahé Pierre id id 4 ans
Ménager Jean id id 3 ans
Périco Eugène id id 4 ans
Pichard Ernest id id 1 an
Pichon Ernest id id 3 ans
Pinard Gaston id id 4 ans
Pililiaire A. id id 1 an
Plissonneau M. id id 2 ans
Zellner A. id id 1 an
Lestenet Hervé id 08/03/1943 1 an
Le Bris  id 11/03/1943 action publique éteinte
Le Sergent femme Lebreton vol dans but activité communiste id 5 ans
Huon Joseph vol et recel dans but activité communiste id 1 an
Le Sergent femme Lebreton id id 3 ans + 5 ans avec confusion de la 
peine prononcée ce jour
Favennec femme Langlois id id relaxée
Legoff femme Sijour vol et recel dans but activité communiste id 3 ans
Huon Pierre id id 2 ans
Noldez activité communiste 15/03/1943 5 ans T.F. + 5 ans I.S.
Tocquet Charles id id 5 ans
Le Louet Mathias id id 2 ans
Combet femme Mazou id id 1 an
Guillonet id id relaxé à ses dépens
Bonneau lucien id id 4 ans déporté
Clément Pierre id id 2 ans
Corbineau Auguste id id 1 an
Desnos Roger id id 1 an
Grenouilleau E. id id 2 ans
Molac Alexis id id 2 ans
Sauvaget Clément id id 3 ans
Taillandier P. id id 2 ans
Bourgeois Pierre id id 2 ans
Loison Adolphe id 15/04/1943 1 an
Mame femme Gomichon détention armes ou munitions dans but id 4 ans morte en déportation
d'une activité communiste
Laurent Jean activité communiste 20/05/1943 relaxe
Lemarié Pierre id id 2 ans
Fallourd Marie femme Chauvin assistance à une personne en vue de la  id relaxe
soustraction d'armes recherchées de
l'autorité publique
Leteinturier Maurice activité communiste 17/05/1943 1 an
Hamais Yves id id 1 an
Barbeau Raymond id 12/08/1943 4 ans
Sanchez Jérôme activité communiste fabrication et usage de 07/10/1943 3 ans
Henry femme Leguen fausses cartes d'identité de français id 3 ans
David Yves tentative d'incendie volontaire id 5 ans réclusion
appui au parti communiste recel et usage
irrégulier de titre de ration. Dans but 
activité commerciale
Keverer femme David id id 5 ans par défaut
Libouarn Albert id id 7 ans T.F.
Puillandre femme Libouarn id id 7 ans T.F.
Brient Georges activité communiste 21/10/1943 1 an
Grossin femme Hingouet id id 1 an
Hingouet Christiane id id 1 an
Guillet Adrien id id 1 an
Lijour id id 5 ans par défaut
Péan Marcel enfuite vol qualifié dans but activité communiste 28/10/1943 5 ans T.F. par défaut
Cadiou Robert id id 10 ans T.F. 10 ans I.S. par défaut
Vignou-Balous en fuite activité communiste 21/10/1943 3 ans
Jeannic Prosper en fuite id id 3 ans
Charrier Pierre en fuite id 28/10/1943 5 ans
Roy François en fuite id 11/11/1943 2 ans
Gonichon Henri en fuite détention d'armes et munition dans le but 21/11/1943 5 ans
d'action communiste
Cevalan André tentative de meurtre sur inspecteur de 09/12/1943 T.F. perpétuité par défaut
police dans l'exercice de ses fonctions
anticommunistes
Charles André activité communiste recel de malfaiteurs id 3 ans
Le Coz pour favoriser le communisme id 5 ans T.F.
activité communiste
Cornet Cornée Albert ? recel de malfaiteurs pour favoriser… id 6 mois libéré par Pétri prison de Vitré
Le Normand id id 6 mois
Richard Emile incendie vol paille id 5 ans T.F. + 5 ans I.S. mort en déportation
Anger id 13/01/1944 5 ans T.F.
Fleury Jacqueline recel de malfaiteurs et complicité… id 2 ans
Fleury André vol escroquerie contrefaçon fabrication id 15 ans T.F. 
carte de rationnement contrefaçon et
usage d'un ?
Tomaini Othelle  id id 15 ans T.F.
Bezien Jean association avec malfaiteurs et détention id 5 ans T.F.
armes pour favoriser la subversion
Le Cam Raymond id id 5 ans T.F.
Toulgoat François id id 5 ans T.F.
Argebin Joseph Vols pendant période ? à l'aide de violences id 15 ans T.F. + 10 ans I.S.
et port d'armes pour favoriser le terrorisme
Cafmat Robert id id 15 ans T.F. + 10 ans I.S.
Jouanna Théodore id id 15 ans T.F. + 10 ans I.S.
Jouan Mathurin id id id sans réclusion
Le Bouler Emmanuel id id 15 ans T.F. + 10 ans I.S. déporté
Richard Charles id id 15 ans T.F. + 10 ans I.S.
Dalibard Dalibart André ? vol qualifié dans but de favoriser  08/03/1944 3 ans libéré par Pétri à Vitré
la subversion sociale et nationale
Hellegouarch id id 1 an libéré par Pétri à Vitré
Le Coent activité communiste 10/03/1944 2 ans
Dantec id id 1 an
Corvellec id id 1 an
Collober activité communiste recel de malfaiteurs id 2 ans
Bourhis activité communiste id 2 ans
Lamerer  femme Eno id 03/04/1944 1 an
Deren id id 1 an
Brionne Julien association ou entente établies en vue de id 3 ans libéré par Pétri à Vitré
favoriser action communiste
Carré femme Rubillon id id 18 mois
Chilou femme Gondard id id 1 an
Legrand femme Brionne id id 1 an libérée par Pétri à Vitré
Jama femme Baudoin id id 1 an
Valmy veuve Paty id id 1 an
Lepage femme Poirier id id 1 an
Savary femme Belier id id 1 an
Richard femme Vallée id 19/04/1944 1 an par défaut
Eno André activité communiste id 1 an par défaut
Derennes id id relaxe
Choliet association ou entente établies dans but id 5 ans T.F.
de favoriser activité communiste anarchiste
terroriste ou subversive
Delatre  id id 5 ans T.F.
Mériot André id id 5 ans T.F. libéré par Pétri à Vitré

Ajouté le 26 octobre 2019
M. Guy Le Floch, de Bouguenais, président de l'ADIRP 44, me signale que son père s'appelait Pierre Le Floch, son deuxième prénom étant Charles, ce qui explique la confusion lors de la retranscription car les deux noms figurent bien sur la liste établie par le CDL 35. Militant communiste déporté à Mauthausen en mars 1944, Pierre le Floch est ensuite transféré à Flossenburg. Le 29 avril 1945, alors que les Allemands évacuent les camps de concentration, il est tué dans une gare de Tchécoslovaquie par un SS qui gardait le convoi. Déclaré "Mort pour la France".